portrait AstoriaAstoria est une chatte blanche et noire qui a longtemps été farouche, ne sortant de sa cachette qu’une fois que je m’étais éloignée. Au début sous les buissons, elle a fini par s’installer sur un mur, à bonne distance de moi. En constatant que ce chat est en fait une chatte, j’ai dégainé la pâtée. Mais là encore, il m’a fallu faire preuve de patience. Au bout d’un moment, elle se précipitait vers moi dès qu’elle m’apercevait, puis acceptait de manger en ma présence, avant de se laisser toucher puis caresser. Elle a même fini par apprécier et me réclamait des caresses en minaudant. C’est une des filles de Brooklyn, la petite-fille de Tribeca, la soeur de SoHo et la grande soeur de Broadway et Manhattan.

Astoria 1
Début octobre, je m’aperçois que son ventre s’est bien arrondi. Comme il m’est impossible de l’entraîner à entrer dans une cage, je l’habitue à la présence de mon mari et à ma main sur sa nuque. La capture devra se faire à la main, mais j’ai comme l’impression que la miss ne se laissera pas faire. J’espère aussi qu’elle ne mettra pas au monde ses petits avant le rendez-vous que j’ai déjà calé. Comme le planning de la clinique est blindé, je n’ai pas eu la possibilité d’avoir un rendez-vous plus tôt. Pourtant, grâce à Brooklyn – que je devais capturer avec ses filles – qui a mis au monde ses petits quatre jours avant sa stérilisation, je vais pouvoir caser Astoria une semaine plus tôt. Toujours en espérant qu’elle ne me fasse pas le même coup que Brooklyn.

Astoria 2

Jeudi 14 octobre 2021

La voiture est chargée, pleine comme un oeuf. Astoria est la première des trois chats que je dois capturer aujourd’hui, juste avant ses deux jeunes frère et soeur. J’avoue que j’appréhende un peu car je crains qu’elle se débatte.
Une fois sur place, je ne vois d’abord pas la miss avant d’apercevoir au loin ses yeux éclairés par la frontale. Je l’appelle et pendant qu’elle approche je sors la grande cage du coffre alors que mon mari prépare la petite. Croquettes, pâtée et caresses pour amadouer Astoria puis je la capture à la main. Alourdie par le poids de son ventre, Astoria n’est pas facile à manipuler et j’espère qu’elle ne me glissera pas entre les mains. Lorsque je la rentre dans la cage, elle écarte les pattes arrière, s’agrippe et résiste. L’espace d’une seconde, elle échappe à ma prise. Je force pour qu’elle rentre dans la cage, referme la porte sur elle et mon bras, qui n’est pas épargné par quelques griffures. C’est un vrai combat, mais je ne lâche pas l’affaire et la miss est enfin enfermée dans la petite cage que je sécurise dans la grande. 
Dans la voiture, elle ne pipe pas. Même lorsque je la déplace jusqu’à l’appartement, puis pour partir vers la clinique, elle n’émet aucun miaulement. Si la cage n’était pas si lourde, je pourrais croire qu’aucun chat ne s’y trouve.

Astoria post op 4
Je la récupère le soir. J’apprends qu’elle était à terme et que son opération n’aurait pas pu attendre une semaine de plus (je devrais remercier Brooklyn de lui avoir cédé la place !). Elle attendais six chatons !

Astoria post op 3
Astoria est terrée au fond de sa cage. Je la caresse un peu. Elle semble effrayée mais ne manifeste aucune hostilité. Je lui mets un peu de pâtée puis m’éclipse pour la laisser tranquille après avoir recouvert la cage d’une couverture. Lorsque je reviens, Astoria a mangé toute sa pâtée. Je lui propose un peu de thon en miette, de saumon et de jambon. Décidément Astoria a bon appétit et vide sa gamelle.

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Vendredi 15 octobre 2021

Je sens que ce matin, Astoria est tendue. D’ailleurs, elle refuse de manger la pâtée que je lui propose.

Un peu avant cinq heures, les cages sont chargées dans la voiture. Comme la veille, aucun miaulement ne se fait entendre. Une fois sur place, je dispose de la nourriture devant la cage et après avoir bataillé avec le verrou de la cage, je libère Astoria. En se rendant compte qu’elle est chez elle et enfin libre, Astoria jaillit de sa cage comme une flèche sans s’occuper de la nourriture, disparait sous le buisson et s’enfuit sur le sentier.

Il lui a fallu quelques semaines, mais Astoria est revenue. D’abord en gardant ses distances, puis en se rapprochant, petit à petit, jusqu’à ce qu’elle accepte mes caresses. Depuis plusieurs mois, Astoria est devenue un vrai pot de colle. Impossible de m’en aller le matin sans lui faire de longs câlins. Et elle en réclame toujours plus, se désintéressant de la pâtée. Dès que je m’éloigne, elle se met à me suivre, tricote entre mes jambes. Je dois revenir vers la pâtée, la câliner et attendre qu’elle mange enfin pour m’éloigner sur la pointe des pieds.

Avec Astoria, j’en suis à 11 mâles castrés (et identifiés) et à 28 femelles stérilisées (et identifiées)

Mi-août 2023

Je remarque sur Astoria plusieurs zones de pelade qui sont apparues très rapidement. Astoria se laisse difficilement manipuler et je sais que la capturer sera difficile. Du coup, exit (pour l’instant), la visite chez le véto, je vais tenter de la soigner. Certes, ce sera de façon totalement empirique, mais en première intention, je vais faire des soins sur place et lui éviter un stress.

Plusieurs causes peuvent expliquer cette pelade : 
– le stress : Brighton est de retour sur le site et comme à son habitude, il menace tout le monde. Le retour de Brighton et la pelade d’Astoria coincident. Malheureusement, si le stress est la cause de la pelade, je ne pourrais rien faire.

– Une allergie : oui, mais à quoi ?

– Présence de teigne : ça ne ressemble pas à de la teigne, mais j’ai déjà vu des cas où les pelades n’étaient pas rondes. Un seul traitement possible : Imavéral à appliquer deux fois par semaine pendant un mois.

– Présence de gale : forte probabilité. Dans ce cas, un anti-parasitaire contre les parasites externes à deux semaines d’intervalle. Avantage : cela débarrassera aussi Astoria des puces et des tiques.

– Présence de parasites externes qui provoque un surléchage : traitement anti-parasitaire.

– Présence de vers : vermifuge.

En première intention, je me lance dans le traitement contre la teigne. Mais Astoria n’est pas vraiment coopérative. Pendant un mois, je galère pour lui appliquer l’imaveral, car elle a des pelades sur les deux flancs et sous la queue. Heureusement que ce n’est que deux fois par semaine. Comme il y a des petites croutes sur la peau, j’applique aussi de la bétadine une fois l’imaveral terminé. Mais les poils ne repoussent pas.
Je mets en place le second traitement à raison de trois comprimés donnés à quinze jours d’intervalle : du Crédélio pour tuer les puces, les tiques et la gale. Après le second comprimé, je constate une légère amélioration : les poils semblent repousser. Je donne le troisième comprimé, deux semaines après le second, et les poils s’étoffent. Par précaution, je vermifuge aussi Astoria. Cela ne lui fera de toutes façons aucun mal. En mi-octobre, les poils ont bien repoussé et les zones de pelade ne sont presque plus visible. La repousse est longue, mais cela est normal.

Mercredi 8 novembre 2023

Fin de journée, je reçois un sms de la nourricière du soir. Elle a découvert le corps sans vie d’Astoria. Ce matin encore, elle n’était pas au nourrissage. Plutôt inhabituel, mais avec les fortes pluies et l’orage, je me dis qu’elle a eu peur et qu’elle se cache.

Je fonce sur le site de nourrissage avec le lecteur de puce et sa carte i-cad. Je retrouve la nourricière. La chatte est rigide et la mort a dû se produire durant la nuit précédente. Mais impossible de savoir quelle est la cause car elle n’a aucune plaie apparente. Nous décidons de la déplacer car elle est trop apparente et je ne souhaite pas que quelqu’un la mette à la poubelle. Nous la cachons sous un buisson et la recouvrons de feuilles.

Repose en paix, douce et craintive Astoria.